Comment photographier les papillons ?

Portrait de Muséum de Grenoble

L’arrivée du printemps sonne le retour des papillons. C’est l’occasion de les observer et pourquoi pas de les photographier ! Pour ce faire, voici donc quelques astuces. Cette bonne pratique a été réalisée grâce à un entretien avec Christophe Huant, passionné de photographie et de papillons.
Papillon Christophe Huant sur nature isère
En résumé
Pour faire de belles photographies de papillons, il y a plusieurs paramètres à prendre en compte, notamment les milieux, les habitudes des espèces, le matériel et les techniques de prises de vue.
Pourquoi mettre en place cette pratique ?

Avec l’arrivée des beaux jours, on croise de plus en plus de papillons lors de nos balades, que ce soit dans les parcs en ville ou dans la nature. On peut se laisser porter par l’envie de les observer, et d’immortaliser la rencontre avec une photographie. Voilà donc quelques lignes à suivre pour vous lancer dans leur photographie.

Quelles étapes et quels moyens ?

Le matériel :
Si vous avez un appareil photo compact vous pouvez l’utiliser en mode macro pour commencer. Mais si vous souhaitez obtenir des photos de qualité supérieure, il vous faudra un reflex ou un hybride (en notant pour ceux qui débutent dans la photographie que les appareils hybrides offrent l’avantage d’être plus léger qu’un reflex avec une qualité presque égale).
Idéalement, il vous faudrait 2 objectifs : un téléobjectif et un macro, à utiliser en fonction des conditions et des opportunités. En faisant des photos en macro, vous devrez être très proche du papillon, (jusqu’à 3cm), alors qu’avec un téléobjectif de type 70 à 400mm, vous pourrez faire ce que l’on appelle de la « photo de proximité ». Il faudra vous placer à 1,5 mètre minimum de votre sujet. Cela dépendra de la distance minimum de mise au point de votre objectif, sans quoi la photo sera floue. L’avantage de cet objectif est que vous conservez une distance confortable pour ne pas effrayer le papillon. 
Plus vous disposerez d’une grande focale, plus vous pourrez vous éloigner (mais il sera plus difficile d'être stable).

Les réglages :
Le plus important est d’avoir un mode manuel, afin de faire des photos nettes. Evitez l’auto focus car il ne se positionnera pas forcément là où vous le souhaitez (on dit que l’AF « pompe ») et le papillon risque d’être flou. Pour faire la mise au point, vous pouvez par exemple bouger légèrement en avant et en arrière jusqu’à ce que l’image devienne nette afin de finir votre mise au point.
L’ouverture est aussi un point important en fonction de l’effet que l’on veut obtenir. Plus l’ouverture est grande, plus le flou en arrière-plan sera important. Cela dépend aussi de la longueur de la focale utilisée.
Enfin, veillez à bouger le moins possible. Vous pouvez vous aider d’un monopode pour plus de stabilité, voire d'un trépied le matin et le soir, quand les papillons sont moins actifs.

Points de vigilance :

L’approche :
Avoir quelques connaissances naturalistes (par exemple connaître les plantes hôtes que fréquente telle ou telle espèce) peut être utile si vous souhaitez photographier une espèce en particulier. Si vous n’avez pas de connaissances particulières, placez-vous à proximité des fleurs et observez. L’idéal pour commencer est de vous rendre dans une prairie fleurie, vous devriez y trouver votre bonheur ! Une fois que vous avez repérez votre cible, ne la quittez pas des yeux, et approchez doucement. Soyez délicat dans vos gestes, sans quoi le papillon prendra la fuite. Faite aussi attention à ce que votre ombre ne se superpose pas sur le papillon.
Pour ce qui est de la prise de vue, il faudra peut-être vous accroupir, voire vous allonger. Le mieux en effet est de se mettre à la hauteur de l’animal pour le photographier et le mettre en valeur.

Sachez que le matin et en fin de journée, les papillons sont moins actifs, et leur déplacement sont plus lents. Il est plus donc plus simple de les photographier. Cependant c’est en milieu de journée que vous pourrez observer les comportements les plus intéressants (combat, vols nuptiaux, alimentation) et que vous les repèrerez plus facilement en raison de leur nombreux déplacements. Dans tous les cas, la patience sera votre maître mot !

L’observation se fait en général de mars à novembre selon les conditions climatiques.

Les papillons sont plutôt craintifs. Ayez toujours une approche lente et douce, et n’essayer pas de les attraper. Vous pouvez tout à fait avoir de belles photos sans les déranger.
Veillez donc à suivre le code de déontologie : toujours respecter le sujet.

Avoir un chiffon doux pour nettoyer l’objectif de votre appareil.

Vous pouvez commencer par vous entraîner à photographier des fleurs, des chenilles ou d’autres insectes moins volatiles que les papillons pour bien apprendre à maîtriser votre appareil photo.

Plus d’informations :

Maintenant que vous avez les clefs en matière de photographie, il ne vous reste plus qu’à trouver les papillons ! Vous pouvez rencontrer des papillons dans les parcs en ville, mais l’idéal reste d’aller dans la nature. La plupart des papillons affectionnent différents milieux : chauds, ensoleillés, mais vous pourrez trouver différentes espèces dans une grande diversité de milieux tels que les prairies, les sous-bois, près des cours d’eau etc… On trouve différente variétés également en fonction de l’altitude. L’Apollon par exemple est un papillon que l’on rencontre typiquement en montagne en altitude.

En Isère, vous pourrez croiser le chemin des papillons lors de vos balades dans les Espaces Naturels Sensibles (ENS), à la Bastille (peut-être que vous y croiserez le Citron de Provence qui est un très beau spécimen), à Peuil dans le Vercors, aux gravières du Drac etc…

Quelques espèces emblématiques que vous pourrez rencontrer en ce moment :
Le Citron, le Vulcain, le Flambée, la Petite Violette, l’Aurore, le Tircis, la Petite Tortue, l’Argus Vert, le Citron de Provence.

Cette bonne pratique a été réalisée grâce à un entretien avec Christophe Huant, passionné de photographie et de papillons.

Pour en savoir plus sur les papillons et leur identification vous pouvez consulter les livres suivants :
- Papillons de France : Guide de détermination des papillons diurnes – Tristan Lafranchis
- Guide Delachaux des papillons de France - Tom Tolman & Richard Lewington