Azuré de la Sanguisorbe - Phengaris teleius

Portrait de flavia

Ce papillon de jour des prairies humides, avec sa biologie singulière, est une des seules espèces en France dont la chenille est en partie carnivore. Les chenilles de papillons sont à 99,9 % phytophages, c’est-à-dire qu'elles se nourrissent de plantes. Celles des Maculinea, à partir du 4ème stade, changent leurs habitudes alimentaires pour se nourrir des larves d'un genre de fourmis : les Myrmica
Azuré de la Sanguisorbe - Guicherd Grégory, nature isère
Comment identifier cette espèce ?

Ce papillon a le dessus des ailes bleues avec des points noirs ; le dessous est gris/marron et possède un grand nombre de lignes de points noirs. La femelle se distingue du mâle par la présence sur le recto des ailes d'une bande noire, large et diffuse, sur les bords.

Attention, la femelle de cette espèce peut être confondue avec le mâle de Maculinea nausithous - Azuré des paluds (L'). Néanmoins le dessous des ailes est très différent et permet une détermination certaine.

Il est également appelé Argus strié ou Télégone.

Répartition de l’espèce en Isère

L’espèce vit aux étages planitaires et collinéens jusqu’à 430 m d’altitude dans notre département. 

Écologie locale

L'Azuré de la Sanguisorbe s'observe dans les prairies humides où est présente sa plante hôte, Sanguisorba officinalis - Sanguisorbe officinale et les fourmis hôtes, principalement Myrmica scabrinodis et Myrmica rubra. Les écocomplexes optimaux pour Maculinea teleius correspondent principalement à des zones humides de plaines associées à des prairies de fauche ou de pâture.

Phénologie – variations liées aux saisons

En Isère, la période de vol s’étale de mi- juin à fin août et elle varie selon l’altitude, mais aussi en fonction de l’hygrométrie du sol qui détermine la période de floraison de la plante hôte. La durée de vie moyenne des individus sur le site du Marais de Montfort, du Marais de Charvas et de la zone humide de Carisieu varie entre 2,3 jours et 5,6 jours. Dans ce département, 90% des individus volent entre le 11 juillet et le 8 août, avec pour pic de présence le 26 juillet. A cela, l'étude sur le marais de Montfort (Bellour, 2013), a montré que plus de 80% des individus ont été observés à moins de 16 mètres de la plante hôtes. Après accouplement, les œufs sont déposés par la femelle dans les boutons floraux de la sanguisorbe. La petite chenille, après éclosion, va se nourrir des carpelles des fleurs. Après la dernière mue larvaire, la chenille se laisse tomber au sol. Elle est alors recueillie par une fourmi hôte et transportée dans la fourmilière. Néanmoins, si la petite chenille est découverte par une espèce de fourmis autre que celle des Myrmica sp., elle est condamnée et sert de nourriture à la fourmilière ! L'adoption par la fourmi hôte est liée à la présence sur la peau de la chenille d'un spectre de molécules très proche de celui présent sur celle des larves de la fourmi. De plus, pour favoriser cette adoption, les chenilles de Maculinea ont une « glande à nectar » ou glande de Newcomer sur le dos. Cette glande sécrète un "miellat" dont sont friandes les fourmis. Enfin, les chenilles et les chrysalides présentes dans la fourmilière émettent des sons imitant ceux émis par la reine de la fourmi hôte ; une telle émission sonore provoque chez les ouvrières un comportement de bienveillance.

Une fois à l'abri dans la fourmilière, les chenilles de Maculinea teleius consomment le couvain. Une partie des chenilles reste environ 10 mois dans la fourmilière où elles se chrysalident l’année suivante ; le reste des chenilles se maintient une année supplémentaire.

Actions favorables à l’espèce

Conserver et favoriser les prairies à sanguisorbe. La période de fauche sur ces milieux est cruciale pour l'espèce. Réalisée au cours de l'été (juillet/août), les petites chenilles n'ont pas le temps de se développer dans la fleur et d'être adoptées par la fourmilière. L'idéale est une fauche après le 15 septembre. Pour le pâturage, faire en sorte qu'il y ait peu ou pas de bétails sur cette période.