Chaque année, depuis plus de 30 ans en Isère, une campagne de protection des busards cendrés dans les plaines de Bièvre et du Liers se déroule entre avril et août.
En 2018, Félix Thévenet (salarié à la LPO Isère) et moi-même (Juliette Mendès, volontaire en service civique), étions en charge du bon déroulement de la campagne.
Tout au long de ces cinq mois, nous avons reçu l'aide de onze écovolontaires et de plusieurs bénévoles afin de mener à bien notre mission de protection.
Si l'intervention humaine pour la protection des busards cendrés s'avère nécessaire, c'est que cette espèce présente la particularité de nicher au sol. Or, la disparition des milieux naturels (marais, landes et friches agricoles) au cours des dernières décennies a contraint les busards cendrés à déplacer leurs sites de nidification vers les zones de culture. Les nichées installées dans les prairies de fauche et les cultures céréalières sont alors soumises à un risque élevé de destruction par les engins agricoles lors des récoltes.
Une campagne de protection des busards cendrés se déroule en plusieurs grandes étapes
Tout d'abord a lieu la phase cruciale de prospection, dont découlent toutes les autres actions. Dès la mi-avril à leur retour de migration, les busards cendrés peuvent de nouveau être observés en Isère dans des zones favorables à leur reproduction.
Les couples ne sont alors pas encore installés pour nidifier, et l'on peut donc facilement repérer mâles et femelles effectuant de magnifiques vols acrobatiques au cours de leur parade nuptiale.
La prospection doit ensuite être affinée pour déterminer les parcelles dans lesquelles les couples s'installent, puis l’endroit exact où se situent les nids.
Cette année, en plus des méthodes habituelles, la LPO Isère a bénéficié de l'aide du pilote de drone Laurent Picard, intervenu en tant que bénévole, pour repérer plus précisément l'emplacement des nids. L'utilisation du drone s'est avérée plus concluante dans les cultures céréalières que dans les parcelles de fauche, où la végétation est moins uniforme. Le drone a également permis de contrôler l'avancement de certaines nichées en minimisant les dérangements.
Ainsi, en 2018, 25 couples de busards cendrés ont été recensés dans les plaines de Bièvre et du Liers, mais seuls 21 nids au total ont été trouvés. La majorité des nids était installée dans des milieux agricoles, à savoir huit nids dans des prairies de fauche et cinq dans des cultures céréalières (quatre dans de l'orge, un dans du blé). Les huit nids restants ont été établis dans des milieux naturels (friches).
Une fois l'ensemble des nids recensés, nous avons pu mettre en place des protections adaptées à chaque cas de figure.
Les 13 nids présents dans les milieux agricoles ont nécessité une intervention humaine, chaque fois réalisée en concertation avec les agriculteurs exploitants des parcelles concernées.
En plus de carrés non fauchés ou non moissonnés laissés autour de chaque nid, cinq d'entre eux ont été entourés de clôtures électriques dans les prairies de fauche afin que les œufs ou les poussins soient protégés des prédateurs. Dix cages-traîneaux ont également été posées, soit pour délimiter les nids dans les cultures de céréales lors des moissons et les protéger ensuite de la prédation, soit dans les prés de fauche pour constituer une protection en supplément des filets électriques.
Un nid a aussi été déplacé dans une culture voisine dont la récolte était plus tardive. De plus, cinq pontes (soit 16 œufs) ainsi qu'une nichée de trois poussins ont été transférées au centre de sauvegarde de la faune sauvage Le Tichodrome.
Enfin cette année, six pièges photos ont été achetés pour réaliser une surveillance autour de certains nids protégés.
La dernière grande étape consiste en un suivi de la nidification, à savoir surveiller le bon déroulement de la reproduction et comptabiliser les jeunes à l'envol. Au total en 2018, 32 jeunes busards cendrés se sont envolés. La moitié d'entre eux s'est envolée depuis les nids en milieu naturel, sans intervention humaine. L'autre moitié est issue des nids ayant bénéficié d'une protection et sur ces 16 jeunes, seuls 11 se sont envolés directement depuis les nids. Les 5 autres, après être nés au centre de sauvegarde, ont été placés dans une grande cage appelée « taquet », décentralisée en plaine de Bièvre, et qui fait figure de nid artificiel à partir duquel ces jeunes ont pris leur envol. Des échecs sont toutefois à déplorer, dus notamment à des abandons de nids par la femelle ou à de la prédation sur les jeunes volants.
Cette année, un certain nombre de jeunes busards cendrés ont pris leur envol grâce aux actions de protection. La LPO Isère tient à remercier toutes celles et ceux qui s’investissent dans la protection de cette belle espèce, qui continue malheureusement de décliner, et compte sur vous pour poursuivre les actions menées en faveur de la sauvegarde des busards cendrés ces prochaines années !