Le coquelicot est de retour !!!

Le coquelicot est de retour !!!

Portrait de UIAD

Depuis que les pesticides sont prohibés en ville, le coquelicot revient en force. Cherchez autour de vous, la belle tache rouge de sa fleur.

Article réalisé par la section botanique de l'Université inter-âges du Dauphiné (UIAD).

LE COQUELICOT EST UN SYMBOLE LARGEMENT UTILISE ….

Son nom est une variante de l’ancien français « coquerico » désignant le coq par onomatopée. Coquerico est devenu Coquelicot au 17ème siècle.

On dit « Rouge comme un Coquelicot » c’est-à-dire rouge de confusion ou de pudeur

Il est souvent chanté ("Gentil coquelicot, Mesdames") ou moderne ("Comme un p'tit coquelicot" de Mouloudji).

Symbole de la France avec le bleuet et la Marguerite. Il est également celui de la Grande Bretagne (The Poppys’day : Célébration anglaise la semaine du 11 novembre). Souvenir des champs de bataille, la bataille des Flandres, fin 1914,  il est associé à la mémoire de ceux qui sont morts à la guerre : bain de sang de la guerre des tranchées. Des coquelicots ont été distribués à partir de 1921 pour venir en aide aux «gueules cassées».

Il symbolise la joie éclatante, incarne l’ardeur fragile, la beauté éphémère.

Les noces de coquelicot (8 ans de mariage) sont une invitation à raviver la flamme de l’amour et à profiter de l’instant présent.

Il est aujourd’hui le symbole de « l’Appel pour l’interdiction de tous les pesticides de synthèse »

QU’EST-CE QU’UN COQUELICOT ….

C’est une plante messicole (messis=moisson, colo=j’habite). Plante pionnière, elle colonise en premier les milieux fraîchement modifiés.

Qui ne s’est pas amusé à faire des poupées avec ses boutons ?

Voir la vidéo de création de ces petites poupées en coquelicots

POUR FAIRE PLUS AMPLE CONNAISSANCE …..

Son nom latin est Papaver rhoeas L. (famille des Papaveracées)

Noms vernaculaires : Coquelourde, Ponceau, Pavot sauvage, Mahon, Coq, Pavot des moissons,  Pavot des champs, Pavot rouge, Chaudière d’enfer …..

Ils fleurissent de Mai à Septembre

Description botanique

  • Plante annuelle messicole
  • Feuilles très découpées, sessiles (pétiole absent), alternes
  • Fleurs, hermaphrodites, actinomorphes (pétales qui s’arrachent un par un ≠ de zygomorphes)
  • 4 pétales rouges, un peu froissés à onglet noir,
  • Calice précocement caduque.
  • Nombreuses étamines avec anthères noir bleuté, vues par les abeilles
  • Racine pivotante qui permet de l’associer aux Graminées, d’où sa présence dans les champs de Blé non traités.
  • La tige est poilue et émet un latex transparent toxique (élimine les prédateurs et diminue la germination des graines) qui tache les vêtements en marron de façon indélébile.
  • Fruit sec : capsule (photos ci dessous) ovoïde glabre, à déhiscence (s’ouvre à maturité) porricide (ouverture par un petit trou). Dans la capsule il y a des tas de petites graines qui se disséminent par le vent (anémophyles), adorées des Pinsons.

Constituants :

Il ne contient pas d’opiacées, à la différence du Pavot qui est de la même famille.

Des anthocyanosides (comme dans la peau de raisin) lui donnent la couleur.

Il contient 0,05% d’alcaloïdes dont le principal est la rhoéadine, ainsi que des mucilages.

Propriétés médicinales : LE COQUELICOT CALME….

  • Adoucissant, sudorifique, calmant, astringent.
  • Pectoral : Tisane des 4 fleurs avec Bouillon blanc, Mauve, Tussilage, mais aussi Guimauve, Pied de chat, Violette.
  • Calme les spasmes (digestifs aussi).
  • Favorise l’expectoration.
  • Somnifère : excellent et sans danger pour les enfants, les nourrissons (>15 mois et les personnes âgées).

Sirop de Morphée :

  • Mettre 500g de pétales dans un saladier, les couvrir d’un demi-litre d’eau bouillante.
  • Laisser infuser 24h dans un lieu chaud.
  • Redonner un bouillon avant de tamiser en exprimant bien les pétales.
  • Faire fondre 500g de sucre dans un verre d’eau chaude, l’ajouter au jus et reprendre la cuisson jusqu’au stade du sirop (sucre perlé).

En cuisine : LE COQUELICOT SE MANGE …

Les feuilles se mangent. Elles deviennent amères au fur et à mesure de la croissance.

Les fleurs décorent les salades.

Voici la recette du potage préféré du roi Soleil Louis XIV à base d'Ortie et de Coquelicot.

Il vous faut :

  • 250 g de feuilles de Coquelicot
  • 250 g de jeunes pousses d'Orties
  • 3 pommes de terre
  • Gruyère, crème fraîche
  • Pain aillé grillé
  • Sel, poivre

La liqueur de coquelicot

  • 4 poignées de pétales de Coquelicot, soit environ 200 fleurs ou 70 g de pétales.
  • 1L d'eau-de-vie à 40°
  • 400 g de sucre
  • 10 cl d'eau

Passer rapidement les pétales sous l'eau pour éliminer les insectes, bien les égoutter.

Les introduire dans un grand bocal, ajouter l'eau-de-vie et laisser macérer pendant 1 semaine : les pétales sont complètement décolorés.

Au bout d'une semaine, mélanger le sucre avec l'eau pour le dissoudre "au mieux" : tout ne se dissout pas.

Filtrer le mélange pétales-alcool, ajouter l'eau avec le sucre, terminer la dissolution et mettre en bouteilles.

La teinture : LE COQUELICOT COLORE….

Très riche en anthocyanosides, le Coquelicot est un colorant solide à la lumière. Il donne une couleur gris perle.

On l’emploie pour teindre laine, soie, cuir, papier et la croûte de certains fromages hollandais bien connus.

La dose à employer est de 1 kg de poudre de pétales secs pour 10 à 15 kg de laine.

Lire l'article sur la teinture aux coquelicots

Au jardin : LE COQUELICOT N’AIME PAS LA POLLUTION….

Il ne s’écarte guère des terres mises à nues par la culture, et  ne supporte pas la concurrence des plantes vivaces. Leur présence signe une agriculture sans trop de pesticides

La graine peut rester en  dormance très longtemps, c’est une technique de survie très efficace qui permet d’attendre le printemps ou même plusieurs années pour germer. C’est le froid qui lève la dormance.

Les abeilles et les papillons : LES INSECTES LE VISITENT…

Ils ne sont pas nectarifères, mais visitées intensément par les abeilles pour y prélever du pollen

Les abeilles ne discernent pas le rouge mais bien l’ultra violet émis par les étamines.

Les plantes messicoles disparaissent et le coquelicot est une plante pionnière reléguée à la périphérie des prés. Il faut absolument préserver cette graine sauvage dont seule la dormance a permis la conservation depuis la nuit des temps. Alors semez des coquelicots !

 

Article réalisé par Annie Gauliard, Claude-Hélène Verloteaux, Danièle Bouffar-Roupé de la Section botanique de l’UIAD et de l'association les Amis du Muséum. Photos Annie Gauliard, Sylvette Chitry

Bibliographie :

  • Ecole Lyonnaise de Plantes Médicinales
  • Secret d’un herboriste : M-A Mulot
  • Le livre des bonnes herbes : P. Lieutaghi
  • Ces précieuses plantes de méditerranée : Dr Avramov
  • Le Coquelicot poète des champs : B. Bertrand