Une balade des Amis du Muséum à la découverte de La Combe de Lancey dans son contexte géologique et morphologique

Portrait de Amis du Muséum

La Combe de Lancey, qui fait partie des collines bordières de la chaîne de Belledonne, draine le ruisseau évacuant les eaux du lac du Crozet et celles venant du versant ouest de la Grande Lance de Domène.

Ces collines bordières se situent entre le Grésivaudan et les crêtes de Belledonne et constituent un ensemble de pentes essentiellement boisée. Elles sont constituées de formations sédimentaires d’âge Jurassique moyen (170 M d’années) reposant sur le socle cristallin hercynien de Belledonne et sont traversées en petites cluses par les torrents descendant de Belledonne. Les collines présentent une géomorphologie très particulière principalement héritée des glaciers quaternaires.

Géo-morphologie

 On peut distinguer 2 ensembles de formations :

1) Les Collines bordières du Grésivaudan proprement dites qui constituent une ligne de reliefs culminant entre 1000 et 1200 m au-dessus du Grésivaudan, que recoupent les gorges de raccordement des torrents affluents de rive gauche de l'Isère. Elles sont constituées d'alternances de marnes et de calcaires argileux sombres souvent traversés de filonnets de calcite blanche.

2) Le Balcon de Belledonne sépare les collines bordières de la chaîne de Belledonne proprement dite. C'est un replat jalonné de cols, qui sont, du nord au sud, les cols du Barioz, du Lautaret, des Mouilles, de Pré Long, de Pré Raymond et, pour finir, du Pinet d'Uriage et du Noyarey d'Herbeys. C'est une combe monoclinale installée dans des terrains tendres, argileux, de la base du Jurassique moyen. C’est dans le Balcon de Belledonne, au relief plus doux, recouvert de pâturages et de champs cultivés, que sont installés les villages.

Ce n'est que plus à l'est, dans les pentes qui s'élèvent vers les crêtes du massif cristallin, qu'affleurent les terrains liasiques et triasiques de la couverture immédiate de Belledonne, puis le Permien et le Houiller.

Action des glaciers

Le relief du versant est du Grésivaudan est une parfaite illustration de l’action du glacier de l’Isère. La partie inférieure de ce versant s’élève en pente raide au-dessus de la plaine : c’est le rebord de l’auge glaciaire entaillé par le glacier qui a rempli la vallée à différentes périodes du Quaternaire. Au-dessus de cette pente, les torrents descendant de Belledonne ont creusé leur lit jusqu’au niveau de la surface du glacier (située vers 1000 m lors de la dernière glaciation) qui leur servait alors de niveau de base. Après disparition du glacier, ces torrents ont creusé le terrain pour se raccorder au niveau de l’Isère. Ils ont ainsi entaillé les bords de l’auge en y sciant des gorges de raccordement où ils descendent en cascade. Cette particularité morphologique a été particulièrement favorable aux aménagements hydro-électriques de ces torrents. En effet une conduite forcée permet d’obtenir une chute importante. De fait c’est dans la Combe de Lancey qu’a pris naissance l’industrie de la « houille blanche ». Elle a été développée à partir de 1878 par Aristide Bergès et popularisée lors de l’Exposition universelle de Paris en 1889.

 

Pierre Bintz, Géo-Archéologue