Ces oiseaux qui passent l'hiver chez nous: entretien avec Jean-Marc Coquelet.

Ces oiseaux qui passent l'hiver chez nous: entretien avec Jean-Marc Coquelet.

Portrait de nature isère

Jean-Marc Coquelet, adhérent à la Ligue pour la protection des oiseaux en Isère (LPO) et passionné d'oiseaux, a donné une réunion d'information à la MNEI (Maison de la nature et de l'environnement de l'Isère) sur les oiseaux hivernants non sédentaires. Nous avons voulu le rencontrer pour qu’il nous parle de ce sujet.

Avant de commencer, dites-nous d’où vous est venue cette passion pour les oiseaux ?

Le goût de la nature m’a d’abord été transmis par mes parents qui étaient campagnards. Puis, lors de mon émancipation, j’ai continué mes sorties nature mais à vélo avec sac à dos, jumelles, tente, … et c’est comme ça que j’ai découvert les oiseaux par l’observation et l’écoute. J’ai également beaucoup appris aux côtés de François Savin qui était au CORA (l’ancien nom de la LPO) et qui baguait les oiseaux. Je suis un gars du cru des années 70 !smiley

Parlons maintenant des oiseaux hivernant non sédentaires: pouvez-vous nous définir ce terme ?

Ce sont des oiseaux qui viennent passer l'hiver dans une région déterminée avec des conditions plus favorables et qui, le plus souvent, repartent au printemps.

Quels sont les différents cas de figure ?

  • Il y a les hivernants « typiques », c’est-à-dire ceux qui viennent du Nord de la France ou du nord de l’Europe et qui migrent pour venir passer l’hiver dans notre département ou région puis repartent chez eux. Donc, on ne les trouve chez nous que l’hiver.

Par exemple, il y a le pinson du nord, la grive mauvis, le canard siffleur ou l’eider à duvet.

 

 

 

 

 

Grive mauvis, Turdus iliacus, photo de Keith gallie. Canard siffleur, Mareca penelope, photo de K Schneider. Eider à duvet, Somateria mollissima, photo de Ron Knight

  • Il y a les espèces qui habitent déjà en Isère mais l’hiver, elles descendent plus au sud. Cependant, les individus de ces mêmes espèces présents au nord de la France, viennent passer l’hiver chez nous puis repartent (certains peuvent tout de même rester…). Donc, on trouve ces espèces toute l’année chez nous, mais ce ne sont pas les mêmes individus.

Par exemple, il y a la buse variable, le rougegorge et la grive litorne.

 

 

 

 

Buse variable, Buteo buteo, photo de Allan HopkinsRougegorge familier, Erithacus rubecula, photo de Le poidesans. Grive litorne, Turdus pilaris, photo de hedera.baltica

  • Et troisième cas, spécifique de nos régions montagneuses : la migration altitudinale. Les conditions étant trop rudes en montagne, certains oiseaux viennent hiverner dans nos plaines et vallées puis repartent au printemps.

Par exemple, le cincle plongeur et le tichodrome échelette.

Cincle plongeur, Cinclus cinclus, photo de GrahamC57. Tichodrome échelette, Tichodroma muraria, Photo de Ján Svetlík

Quelles sont les principales raisons qui poussent les oiseaux à venir hiverner chez nous ?

Le facteur principal qui poussent les oiseaux à se déplacer est le manque de nourriture dû à des conditions hivernales trop difficiles (gel, neige, …).

Par exemple, la buse est carnivore mais elle ne peut plus chasser dans les pays nordiques l’hiver parce que les micromammifères (souris, campagnols, …) qu’elle chasse, sont enfouis dans les sols gelés ou enneigés.

Avez-vous une anecdote à nous raconter sur ces oiseaux hivernants non sédentaires ?

J’ai observé, un même hiver, par trois fois au même endroit, un hibou des marais, rare dans la région, dormant la journée dans des touffes de graminées au sol.

Hibou des marais, Asio flammeus, Photo de Gregory Slobirdr Smith

 

 

Quels endroits, nous conseillez-vous pour observer des hivernants (avec jumelles bien évidemment !) ?

Pour les plus initiés, la plaine de la Bièvre, les gros étangs et les lacs sont des endroits très intéressants avec de grands rassemblements.

Pour les amateurs, le Drac en amont et aval du barrage de Saint Egrève est un très bon endroit également !