L’identifier n’est pas une difficulté, par contre la trouver en est une ! Sa très petite taille (3,5 à 7 mm pour les adultes) ainsi que sa capacité à faire des bonds de 20 à 50 cm la rendent difficile à détecter…d’autant plus qu’elle vit dans des galeries qu’elle creuse dans le sable humide. Les observateurs les plus patients et précautionneux pourront apprécier sa tête ronde et bombée comme une sorte de casque, ses pattes sauteuses recourbées sous le corps et sa coloration « panachée » de marron foncé souligné de bandes et marges blanc-beige en proportions variables selon les individus.
En Isère, l’espèce a été découverte en 2012 sur le Drac amont et aval. Il s’agit du seul cours d’eau du département connu pour abriter l’espèce à l’heure actuelle. C’est également un des rares cours d’eau à présenter des habitats favorables sur un linéaire important. Malgré des recherches récentes, l’espèce n’a pas été trouvée sur le Vénéon ou la Romanche… Sa présence sur l’Isère serait à rechercher mais les habitats favorables semblent bien rares.
Adultes et larves sont totalement liées aux lits des rivières non ou peu endiguées et présentant un lit en tresse (nombreux bancs non ou peu végétalisés). L’espèce a besoin de bancs de fines (sables et vases) qui restent humides afin qu’elle puisse y forer les galeries dans lesquelles elle vit. Il s’agit donc essentiellement de bras secondaires qui restent en eau une grande partie de l’année ou de bancs de fines à proximité du lit principale. Il peut y avoir de la végétation mais elle doit être herbacée et très peu dense.
Le Tridactyle panaché peut être observé quasiment toute l’année mais les densités d’adultes sont les plus élevées au printemps et en été. Les adultes se tiennent devant ou à l’entrée des galeries lors des journées ensoleillées.
Toutes les mesures de protection des cours d’eau non endigués ou régulés sont de nature à permettre la conservation de l’espèce.
Toutes les opérations visant à redonner un espace de mobilité suffisant à la rivière, associées à des augmentations de débits ou la simulation de crues morphogènes permettant la mobilité du lit sont favorables au maintien voire au développement de l’espèce.
Cette espèce n’est pas protégée…mais mériterait de l’être ne serait-ce que pour empêcher la destruction de ses derniers habitats favorables.
L’espèce est inscrite « en danger critique » sur la liste rouge de Rhône-Alpes (Sardet, 2018) et « en danger » sur la liste d’alerte des orthoptères d’Isère (Miramella, 2015).