Sciences participatives #1 Interview Christophe et Propage

Sciences participatives #1 Interview Christophe et Propage

Portrait de nature isère

#1 Interview : Christophe et le programme Propage

Bonjour Christophe, vous travaillez aux espaces verts de la ville de Grenoble et vous participez depuis 2014 au projet de sciences participatives PROPAGE (Protocole de suivi des papillons de jour pour les gestionnaires d’espaces).

Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots en quoi consiste ce projet ?

C’est un protocole national, pensé par le Muséum national d'histoire naturel (MNHN). Il permet aux gestionnaires d’espaces verts comme nous, de faire un suivi d’une partie de la biodiversité, en l’occurrence ici la microfaune et plus précisément les papillons de jour (Rhopalocères).

Mais comme nous le savons, tout est lié. Cela interpelle notre gestion des espaces verts et nous permet de mesurer l’impact de nos pratiques sur la faune (nous suivons également la flore en parallèle). 

Nous avons quatre classes de gestion (ornementale, classique, semi naturelle et naturelle). L’indicateur « papillons » nous permet d’ajuster notre entretien.

Concrètement, que faîtes-vous pour y participer ?

J’y participe donc dans le cadre professionnel. Le protocole nous indique la manière de procéder ainsi que la fréquence. Les dates de relevés sont au nombre de trois : juin, juillet et août. Nous avons déterminé au préalable des « portions de terrain » que nous appelons « transects ». C’est sur ces 35 transects répartis dans chaque classe de gestion que nous faisons nos trois séances de relevés. Ces relevés sont faits par 10 agents du service, par binôme. Il s’agit de relever tous les papillons de jour (nombres, genres, espèces) que nous trouvons sur ce transect dans un temps imparti, qui ne doit pas excéder 10 minutes. Il faut ensuite saisir les données sur le site PROPAGE.

Cela nous a demandé d’affiner nos connaissances sur les papillons ; la plupart des agents partaient de zéro. Nous nous appuyons sur une plaquette de reconnaissance des papillons de Grenoble, élaborée avec l’association Flavia.

Quelles sont d’après vous, les contraintes et difficultés que vous avez rencontrées au début ?

La principale difficulté a été de se familiariser avec le protocole et la difficulté de détermination des espèces, même si ce protocole est parfois simplifié afin d’éviter des erreurs de déterminations.

Maintenant, nous avons approfondi nos connaissances, car il nous semblait indispensable d’aller le plus possible jusqu’à l’espèce. En effet cela nous permet de mieux connaitre les écosystèmes de nos espaces et de mieux gérer ces derniers.

Certaines espèces ont des habitudes comme par exemple Everes alcetas (l’azuré de la Faucille) dont la chenille se laisse nourrir par une fourmilière. Ainsi, si nous tondons trop ras, nous n’en aurons pas car nous détruisons les fourmilières, mais en relevant notre tonte, nous en voyons apparaitre. D’autres papillons aiment les sous-bois, il faut donc adapter nos végétaux à nos espaces de manière à limiter nos interventions et ainsi maintenir une bonne biodiversité.

Qu’est-ce qui vous fait plaisir dans ce projet ? Qu’est-ce qui vous apporte satisfaction ?

A la suite de l’arrêt des produits phytosanitaires comme l’herbicide « glyphosate » ou « Roundup » qui nous a permis d’opérer un changement radical, c’est aussi la préservation de la vie ; c’est une grande satisfaction que de se dire que nous contribuons à l’amélioration de la biodiversité en ville.

S’imaginer que nous pouvons contribuer à la préservation des espèces, c’est bien, mais être un acteur de tout cela reste pour nous très moteur, c’est du concret. Cela demande beaucoup d’investissements, de nouvelles connaissances. C’est l’un des cœurs de notre métier et ça le sera encore plus dans les prochaines années. C’est en relation directe avec la nature en ville et notre contribution reste essentielle. Nous travaillons maintenant en accord avec la nature, la respectons mieux.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite se lancer ?

De ne pas hésiter, c’est très enrichissant, la faune et la flore c’est la vie. Qui ne pourrait pas s’intéresser à la vie ?

Comprendre la biodiversité, c’est aussi nous aider à mieux nous comprendre.

Au départ nous faisions partie de la nature, nous avons tout fait pour la contrôler, la manipuler, il est maintenant temps de retrouver nos racines.

Merci beaucoup pour ces réponses et ce partage enthousiaste d’expérience.

 

Photo Papillon Flambé, C. HUANT

Commentaires

Portrait de Muséum de Grenoble

Et pour le grand public, pour participer au comptage des papillons, il existe l'Opération papillons http://www.vigienature.fr/fr/actualites/operation-papillons-chercheurs-o...