2019, zéro phyto dans nos jardins !

2019, zéro phyto dans nos jardins !

Portrait de Thibault_LCRQ

Lors de mon arrivée à Grenoble, j’ai découvert que le Muséum propose régulièrement des conférences à l’auditorium. Au cours de mon séjour de 3 mois j’ai suivi un certain nombre de ces conférences aux thèmes divers et variés, mais toujours en lien avec la nature ! Dans cette mini-série, je reviendrai sur trois des conférences auxquelles j’ai assisté.

Cette conférence s'intègre au programme "Les jeudis de l'écologie avec Terre vivante". J'ai suivi le 6 juin 2019 la conférence intitulée "2019, zéro phyto dans nos jardins !". Animée par Marie Arnould et Perrine Dupont, ces deux journalistes du magazine Les 4 Saisons nous ont présenté l'état de la législation sur le sujet avant de nous proposer quelques conseils de jardinage sans pesticides. Une conférence sous le signe de l'agroécologie !

Marie a ainsi débuté l'exposé par l'aspect législatif. La loi la plus importante concernant les produits phytosanitaires est la loi Labbé. Depuis le 1er janvier 2017, la loi a instauré l'interdiction d'utiliser ce genre de produits pour les collectivités. Deux ans plus tard, cette loi a été révisée afin d'étendre cette interdiction également aux jardiniers amateurs. Cependant cela ne s'applique pas aux professionnels (notamment les agriculteurs) qui peuvent toujours utiliser des produits phytosanitaires (pesticides, insecticides, fongicides…) ou des produits phytosanitaires de biocontrôle reconnus ne présentant que peu de risques et ce, même en agriculture biologique.

Hormis les jardins des particuliers, les espaces concernés par cette loi sont :

  • Les espaces verts et les forêts.
  • Les promenades.
  • Les cimetières si la municipalité les considèrent comme promenade ou espace vert avéré.
  • Les voiries.

Bien que les sanctions juridiques ne tombent quasiment jamais, tout contrevenant risque 6 mois de détention et une amende pouvant aller jusqu'à 150000€, "De quoi faire réfléchir votre voisin s'il n'écoute pas vos arguments écologiques" ajoute Marie Arnould, le sourire aux lèvres.

Grenoble est gérée en "zéro phyto" depuis 2012. Ceci explique le verdissement des plus de 250 hectares d'espaces verts proposés par la ville. Le verdissement est différent selon les caractéristiques du sol sous-jacent et contribue à l'hétérogénéité des milieux naturels disponibles. Cette hétérogénéité contribue ainsi à l'augmentation de la biodiversité en ville, ce qui a été constaté par l'observation du retour de nombreux insectes par les habitants.

"C'est un fait, on ne peut pas avoir les mêmes résultats qu'avec des produits phytosanitaires. Il faut arrêter de penser en substitution de méthodes mais changer d'attitude." conclut Marie

En seconde partie, Perrine nous a donné des conseils pour jardiner efficacement et sans pesticides.

Cette démarche passe par un questionnement important. Il faut dans un premier temps se demander contre quoi on veut lutter. Herbes, insectes, maladies des plantes ? Une fois que la cible est déterminée, il faut apprendre à bien la connaître. Et enfin il faut se poser la question de la pertinence d'agir. Est-ce que ces mauvaises herbes m'embêtent réellement ? Cet insecte détruit-il mes récoltes ?

L'action se déroule alors en trois phases :

  1. Identifier avec certitude la cible et faire attention aux confusions possibles.
  2. Prévenir, en accueillant la biodiversité. Créer un écosystème complet mêlant insectes, fleurs et oiseaux permet bien souvent d'éviter les ennuis. Avoir de bonnes pratiques culturales comme la rotation et un placement judicieux des plantes est également essentiel.
  3. Soigner, en dernier recours à l'aide de produits de biocontrôle.

Faire soi-même ses propres produits de biocontrôle est également possible. Par exemple, un mélange huile de colza, savon noir et eau tiède permet d'asphyxier les insectes indésirables. Le bicarbonate de soude lui, peut être utilisé en tant que fongicide.

L'intervention n'est pas toujours nécessaire. Parfois, un équilibre va se mettre en place tout seul. Si l'intervention est nécessaire il est préférable d'agir à la main pour abimer au minimum les sols. L'intervention au produit ne doit se faire que s'il ne reste que cette solution. Il faut l'éviter au maximum.

"Déterminer si il faut vraiment agir. C'est ça la clé. Il faut se poser la question : 'Est-ce que ça m'embête vraiment ?'. Enfin, il n'y a pas une seule façon de faire en agroécologie. Il faut agir en fonction de l'évolution de son propre jardin." dit Perrine Dupont pour clore son intervention.

 

Et cette mini-série sur les conférences du Muséum s'achève ici, je vous remercie de m'avoir lu jusqu'au bout et espère que cela vous aura plus !

 

Lire mon premier article sur la conférence "Animaux exotiques envahissants"

Lire mon deuxième article sur la conférence sur le Martinet noir à Grenoble