Comment les chasseurs contribuent à préserver le territoire et la diversité de la faune ?

Comment les chasseurs contribuent à préserver le territoire et la diversité de la faune ?

Portrait de Patrice FDCI

Comment préserver la faune sauvage dans nos pays de plus en plus peuplés et urbanisés ? En 1967 cette question trouve une réponse : la création des Parcs Naturels Régionaux. Excellente décision. Mise en œuvre. Respectée…

Hélas, depuis une trentaine d’années on se rend compte qu’elle est insuffisante. « Bien que les parcs soient des espaces protégés, il faut des échanges avec l’extérieur, pour permettre le brassage génétique et aider les végétaux et les animaux à être plus résistants aux maladies et aux changements climatiques. » explique Florian Rodamel Chargé de missions Trame Verte et Bleue au sein de la Fédération Départementale des Chasseurs d’Isère (FDCI).

En 2009, le Grenelle de l’environnement impulse la création de la Trame Verte et Bleue (TVB), initiative dont la vocation est d’assurer des continuités écologiques terrestres et aquatiques. A l’échelle locale, la responsabilité de sa mise en place incombera aux collectivités … Les chasseurs investis dans la préservation du territoire représentent souvent un bon relai pour la mise en œuvre d’actions concrètes améliorant la trame verte et bleue.

En Isère, une Fédération de chasse active

Depuis longtemps, la Fédération de l’Isère est investie dans la préservation de la faune, notamment avec les projets en faveur des oiseaux des montagnes. Le chasseur étant un fin connaisseur et un incontournable acteur de son territoire, la FDCI deviendra naturellement très active sur le volet TVB. Florian Rodamel, décrit ainsi sa mission : « L’idée de la TVB est de créer une mosaïque de milieux où toutes les espèces, à toutes les échelles, puissent trouver leur compte ». Découvrons comment, à travers quelques exemples d’actions.

Planter des haies ou comment aider l’animal à se déplacer

Une parcelle sans arbre ou arbuste est souvent synonyme de danger pour les animaux qui la traversent. Idéal pour eux : trouver des haies qu’ils pourraient longer, et grâce à ces abris pouvoir avancer de proche en proche.

C’est ainsi que les chasseurs de l’Isère ont depuis 10 ans planté quelque 60 km de haies pour reconstituer ces voies de circulation et fournir aux animaux des points d’étape dans leurs déplacements. Ceci implique de trouver des terrains propices, d’établir une convention avec le propriétaire et d’assurer la mise en œuvre du projet, cette dernière se faisant souvent en lien avec des lycées agricoles qui réalisent les chantiers.

Assurer des semis d’hiver ou comment aider l’animal à se cacher et à se nourrir

Dans la même logique, une parcelle cultivée qui, après récolte, se trouve nue en hiver est défavorable à de nombreuses espèces animales. La FDCI vient ainsi en appui à l’obligation EU imposant de couvrir les sols en hiver, et met à disposition des agriculteurs volontaires un mélange de semis. « Ces cultures intermédiaires faunistiques fournissent habitat et nourriture aux oiseaux, lièvres mais aussi aux insectes pollinisateurs. En plus, ces plantes agissent favorablement sur l’environnement, en piégeant les nitrates, ce qui contribue d’une part à la moindre pollution des cours d’eau et d’autre part à fertiliser les parcelles. » explique Florian Rodamel.

Déboiser, aménager, protéger… ou comment aider l’animal en conservant son habitat

A l’inverse, les chasseurs participent aussi à l’entretien du territoire en rouvrant des bois ou des friches afin de créer les lisières et clairières nécessaires aux cycles de vie de certaines espèces. Enfin, pour permettre au mieux à la faune de se déplacer, la FDCI consacre du temps à l’étude des collisions routières avec la faune pour sensibiliser les automobilistes et les gestionnaires de réseaux. Pour cela, l’application Vigifaune a d’ailleurs vu le jour récemment afin de permettre à tout un chacun de contribuer au recensement des collisions.

« La FDCI s’investit sur l’ensemble du département mais nous nous impliquons plus particulièrement dans des projets multipartenariaux souvent subventionnés par l’Union Européenne, la Région ou le Département  car ceci nous aide à réaliser de tels projets, souvent difficiles à financer par ailleurs. » commente Florian Rodamel, directement en charge du montage de ces dossiers. « Ici à la Fédération, il n’y a pas de militantisme, mais une action en faveur de la préservation. Il y a une nécessité d’agir en ce sens-là... le nombre de chasseurs diminue progressivement. On en a conscience et on essaie de préserver et de faire perdurer cette pratique. Ce n’est pas un choix politique. Il est culturel et patrimonial. Et aussi environnemental et écologique... » conclut Florian Rodamel. Les actions en faveur de la TVB le montrent, en effet.

QUELQUES CHIFFRES CLES :

4 : le nombre de Contrat Vert et Bleu  auxquelles la FDCI participe actuellement (soit environ 200 communes)

13 000 : le nombre d’arbustes plantés par la FDCI durant l’hiver 2018/2019

1 000 : le nombre d’hectares implantés en cultures intermédiaires faunistiques en 2018

 

Propos recueillis et rédaction de l'article : Aleksandra Bogdanovic-Guillon 

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Portrait de nature isère

Un petit film d'animation issu de l'exposition créée par le CEN Savoie en 2012 sur les corridors Biologiques "Bauges-Chartreuse" et "Chartreuse-Belledonne" : https://youtu.be/eNXNRDcoPmw